Exposant au sein du village d’ATD lors du dernier salon du tourisme, Aurélien Seux nous a confié l’histoire et l’essence de son agence, cofondée avec son compère Antoine Richard, et qui propose aujourd’hui des voyages engagés sur quatorze destinations réparties entre l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du Sud. Découverte d’un acteur de l’économie sociale et solidaire, qui allie la découverte des ailleurs à des actions solidaires qui partent du terrain.

VA/ VOUS AVEZ FÊTÉ L’AN DERNIER LES DIX ANS DE DOUBLE SENS, POUVEZ-VOUS REVENIR SUR LA GENÈSE DE CETTE AVENTURE ?

J’ai crée DOUBLE SENS avec Antoine Richard, un ami d’enfance, juste après mes études de commerce. J’étais alors en stage en Tanzanie dans une ONG anglaise, Antoine chez IBM à l’autre bout du monde, et le temps d’un échange au téléphone sur nos expériences respectives, l’évidence nous est apparue. « Un an plus tard, après 9 mois de réflexion en Bretagne et 3 mois de prospection au Bénin, nous étions lauréats du ‘Réseau Entreprendre’ et prêts à nous lancer, dans l’insouciance de nos 24 ans… ». Ensuite, l’année 2005 a été l’année des démarches et de la préparation et l’agence est née en 2006. Nous sommes donc de jeunes entrepreneurs, acteurs de l’économie sociale et solidaire.



VA/ JUSTEMENT, EN QUOI DOUBLE SENS N’EST PAS UNE AGENCE COMME LES AUTRES?

Dans le sens où les personnes qui partent avec nous vont pouvoir allier tourisme et actions solidaires. Concrètement, dans les pays visités, nous nous associons à des porteurs de projets solidaires, des associations que nous suivons, et nous proposons à nos clients de partager leur temps entre ces temps solidaires et le plaisir de la découverte. Au Sri Lanka par exemple, nous travaillons avec une association qui sensibilise les populations aux cultures bios. Chacun de nos groupes va ainsi permettre le financement d’un jardin pour une communauté, qui sera géré par l’association locale (suivi sanitaire, réseau de vente, etc.) et les voyageurs pourront y passer quelques jours pour aider au jardinage. D’autres projets peuvent concerner des chantiers ponctuels, un poulailler au Cambodge, des cuves à eau, des porcheries au Vietnam, etc. L’important, pour nous, c’est que le projet soit cohérent et qu’il soit porté par une association locale reconnue.

VA/ AUCUN VOYAGE NE SE RESSEMBLE ALORS ?

Tout à fait, au Cap Vert, nous avons sélectionné une association qui s’occupe de rénover des façades. Le séjour alterne randonnées et promenades en bateau avec des pêcheurs pour la partie découverte et donc ces chantiers de rénovation qui permettent aussi de passer d’un village à l’autre. Nous sommes également très vigilants à garantir une activité pérenne, aux emplois créés, à bien organiser les choses pour que les familles qui reçoivent les voyageurs s’y retrouvent. Pour cela, nos groupes sont réduits, six à huit voyageurs en général et nous restons souvent plusieurs jours au même endroit. Ainsi, beaucoup de liens se créent et beaucoup de nos voyageurs repartent au même endroit. Les plus fidèles ont même crée une association, Frères de Sens, qui poursuit les actions et projets développés sur place en lien avec les associations locales.

VA/ DEPUIS VOTRE CRÉATION EN 2006, COMMENT SE PORTE DOUBLE SENS ?

Très bien,  nous connaissons une progression exponentielle depuis deux/trois ans. En 2016, 800 voyageurs sont partis avec nous et d’ores et déjà pour 2017, nous pensons atteindre les 1200 clients. Nous avons développé de nombreux partenariats, par exemple avec Voyageurs du Monde pour qui nous sommes le référent solidaire et qui, sur sa gamme de voyage solidaire, nous envoie des clients Terres d’Aventure ou Nomade pour co-remplir nos groupes. Nous travaillons également avec des CE comme Airbus ou Orange. Aujourd’hui, notre clientèle est à 40% constituée d’individuels, à  35 % de familles, à 20% de CE et à 5% de scolaires ou d’apprentis.




VA/ ET RÉCEMMENT, VOUS VOUS ÊTES LABÉLISÉS ATR ?

Tout à fait, nous sommes un acteur de l’économie sociale et solidaire et il nous semblait naturel d’être labélisé « Agir pour un Tourisme Responsable ». Nous avons donc rejoint ATR l’été dernier. D’ailleurs, à nos débuts, nous avions concentré notre activité sur le Bénin et le Burkina avant de nous diversifier en 2011 suite aux difficultés rencontrées par l’Afrique. Aujourd’hui, nous sommes présents sur trois continents, 14 destinations, mais notre ADN n’a pas changé, nous sommes toujours autant engagés. Nous menons trente actions solidaires auprès des populations locales (troc de ressources naturelles en Mongolie, maraichage au Burkina-Faso, rénovations de barques de pêcheurs au Pérou, etc.). En 2016, nous avons appuyé des projets sociaux pour un montant de  51 000 € en cumulé. En outre, depuis le démarrage de notre activité, nous avons crée 46 emplois, dont 6 en France, 40 sur le terrain. Enfin, à partir d’avril, nous prévoyons de compenser 50% de nos émissions de nos GES grâce à un partenariat avec Microsol. Et nous sommes d’ailleurs basés à la Ruche, un laboratoire d’innovation sociale…



Par Geneviève Clastres


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