On peut vouloir faire un break bien mérite sans apprécier l'idée de rester à la plage ou de participer à des excursions de masse dans une contrée exotique. L'équation n'est plus impossible.

En vacances, la quête de sens peut prendre la forme de tourisme solidaire. Cette approche alternative des vacances vise à promouvoir la création de liens forts et sincères entre des voyageurs venus découvrir un pays et une communautés locale qui les accueille. "Le tourisme solidaire, explique Caroline Mignon, directrice de l'Association pour un tourisme équitable et solidaire (ATES), c'est aller à la rencontre des populations. On loge chez l'habitant, on partage son quotidien, on favorise les retombées économiques locales."

Le tourisme solidaire invite les voyageurs à devenir acteurs de leurs vacances en leur proposant une autre approche du voyage. A l'heure de la slow life, ils sont invités à vivre au rythme de la communauté et à prendre le temps de partager. "Lorsque nous étions dans la communauté, nous avons appris à cuisiner un dessert à base de riz gluant et de banane avec une de nos hôtes, et à tresser un panier en palme avec un ancien du village, se souvient Gwenaël Le Nohaïc, chargée de communication chez Double Sens, une agence de voyages solidaires, qui est récemment rentrée d'un voyage au Cambodge. Les fous rire n'ont pas manqué, la langue n'est pas une barrière. Nous nous connaissions de vue et, après ces ateliers improvisés, nous avions des souvenirs communs". Dans le village, les voyageurs ne sont donc pas "des touristes, mais plutôt des amis".

Cofondateur de Double Sens, Aurélien Seux insiste sur l'authenticité : "Nos groupes ne font jamais plus de 10 personnes car nous tenons à ce que les voyageurs puissent s'insérer facilement dans la vie de la communauté qui les accueille. En restant une semaine sur place, des liens sincères ont le temps de se créer. On est loin du folklore, les voyageurs découvrent vraiment le mode de vie local."


Les touristes participent aussi à la réalisation d'un projet concret pour aider à améliorer les conditions de vie de la communautés. "L'association locale avec laquelle nous travaillons définit avec la population les axes d'action, précise Aurélien Seux. Au Cambodge, les familles de la communauté ont besoin de cuves à eau car elles n'ont pas l'eau courante et il est fastidieux d'aller tous les jours chercher de l'eau dans le Mékong". Le groupe de Gwenaël Le Nohaïc a donc participé à la construction d'une huitième cive, sous la direction d'une chef de projet local.

"Le tourisme solidaire n'est pas de l'humanitaire et encore moins de l'humanitaire d'urgence", tient à souligner Caroline Mignon. "Les voyageurs ne 'volent' pas le travail des locaux, complète Aurélien Seux. Ils viennent participer à un projet dont ils ont permis le financement. En fait, ils sont là pour mettre la main à la pâte et aider les professionnels locaux ou les familles à réaliser un équipement utile".

Le long terme est un élément-clé de la définition d'un partenariat. "Le mot-clé, c'est 'l'autonomisation', précise Caroline Mignon. A travers le tourisme solidaire, les communautés voient leur revenu global augmenter et leurs membres se forment à divers métiers. C'est un bon complément de revenu à une activité traditionnelle et cela permet de freiner l'exode rural". Maintenir l'équilibre en évitant de tomber dans la dépendance au tourisme est crucial, car on ne peut savoir ce que réserve l'avenir : "Nous avions développé du tourisme solidaire dans le sud de la Tunisie et au Mali, mais aujourd'hui il n'y a plus d'activité, regrette Caroline Mignon. Heureusement, les membres des communautés impliquées n'avaient pas perdu leurs savoir-faire traditionnels".

Par Claire Sejournet

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